mardi 29 mai 2012

Horizontale de Chablis de Brocard et verticale de Sauternes du Château Rayne Vigneau

Horizontale de Chablis de Brocard et verticale de Sauternes du Château Rayne Vigneau :

Les dégustations se suivent, mais ne se ressemblent pas. C'est ce qui est sorti de celle avec les Beaucastel (j'y reviendrai plus tard dans le blog). Cette fois, le homard à l'honneur...avec 2 classiques.

Chablis 1er Cru Vau de Vey 2009, Jean-Marc Brocard : Première impression, on sent l'élevage sous bois...trop ? Peut-être. C'est surtout sur des notes grillées que s'ouvre ce Cru. Le brûlage est-il en cause ? Après beaucoup de patience, le vin commence à s'exprimer. Un côté herbes salées, un brin bonbon, genre thé du labrador ou thé des Bois. Il s'éteint par contre assez rapidement au nez. La bouche est typée Chablis sur une minéralité...et une longueur impressionnante, les points positifs.

Chablis 1er Cru Fourchaume 2009, Jean-Marc Brocard :
L'élevage se veut mieux intégré. Le pollen de miel surprend au nez tellement il est présent. Un léger côté citronné, une pointe de silex, et une rétro qui tire sur la lime...Et la bouche...Un maitre d'arme japonnais qui affute son Katana, une bataille médiévale dans le pays du soleil couchant, avec ses samouraïs qui se toisent du regard et défendent fièrement le royaume, qui se font Ara Kiri...c'est...tranchant! À écouter avec Intuition #1 du groupe Avec Pas d'Casque...ça nous rappelle un peu le tintamarre...Franchement, des trois, c'est celui que je préfère.

Chablis Grand Cru Bougros 2009, Jean-Marc Brocard : Lactique, citronné, minéral. Tout ce qu'on attend d'un Chablis sauf que...à 65$, donnons lui le bénéfice du doute. Il est trop jeune pour s'apprécier maintenant. À acheter si on a une cave pour voir ce qu'il deviendra dans 10 ou 15 ans, mais pour l'instant, un plaisir limité.

...et là, la partie la plus vertigineuse de la soirée...les Sauternes! C'est en ce jour que j'ai compris pourquoi mon ami Gabriel aime tant les Sauternes.

Une belle verticale!
Sauternes 1er Cru 1975, Château Rayne Vigneau : Tout commence par des notes de safran, un brin truffé, du cumin aussi. La trame aromatique demeure par contre le Toffee...mais rien ne s'arrête là. On part sur la cannelle, le pain d'épices, la vanille et l'ananas en passant par le café torréfié. C'est stratosphérique, on devient une sonde spatiale...première halte à la Station Spatiale Internationale d'où l'on contemple le Maghreb, on continue vers Saturne pour se rendre jusque dans le grand vide...c'est 2001 l'odyssée de l'espace, c'est la suite #1 pour violoncelle de Bach. Quand je serai grand, je serai Astronaute...magique! L'équilibre entre l'acide et le sucre est impeccable. Et la couleur dorée à faire rêver.

Sauternes 1er Cru 1986, Château Rayne Vigneau : Un touche plus jeune, c'est la pâte de coing qui attaque en premier. Mais à l'aération, c'est toute sorte de confitures qui viennent s'exprimer...fraises (!), figues, poires, marmelade et ...rhubarbe!!! Comme si toutes les Grands-Mères du monde s'étaient réunies pour faire une seule tarte...et ça sent les cuisines du Restaurant l'Orée du Bois et du Restaurant Chez Lévêque...bref, des cuisines où les chefs s'affairent depuis plus de 30 ans, où les murs sont imprégnés d'arôme d'épices et de cuisson. Pour la bouche, une demi-touche plus enrobant, mais tout aussi équilibré.

Sauternes 1er Cru 1996, Château Rayne Vigneau : Millésime difficile dans cette région, étrangement, c'est le vin qui arbore la robe la plus foncée. Comme si madame ne voulait pas se faire remarquer, comme si elle avait honte de qui elle est. Je l'ai trouvé très herbacé, avec du cerfeuil et de la sarriette, tantôt du thym, ici de la menthe. Les épices présentes, certains y ont trouvé un côté jus de pommes brun (ce que les cueilleurs de pommes appellent du jus de tracteur). Pas faux non plus. Un ami a très justement noté la présence de tire Ste-Catherine...on y trouve aussi le carvi...à l'aération, c'est clairement le kirsh qui ressort. Pas méchant, plutôt intéressant même. Mais pas le meilleur non plus.

Sauternes 1er Cru 2007, Château Rayne Vigneau : Ben là, c'est trop jeune...ça sent le vernis à ongle et le Popsicle au banane! Ça donne l'impression de faire des courses dans des magasins à grande surface (genre Zellers!!!). Il  y a du coconut...et finalement, ce qu'il reste, c'est de la gomme balloune, en rétro aussi d'ailleurs...sans farce, donnons lui encore quelques années avant d'y retourner...

Mais il faut dire qu'avec les pinces de homard et la mangue grillée, les Sauternes ont fait leur travail!