dimanche 25 mars 2012

Collioure 2010, Côté Mer, Domaine de la Rectorie


Voyage en mer, voyage de pêche. Avec son nez salin, un peu de salicorne, de coquillage à son ouverture, c'est la préparation au départ, sur la grève, avec le vent et l'air du large qui vient à nous. On embarque sur le bateau à voile/moteur. Et on part au large, entre compagnons, avec de bonnes discussions en vue. Plus on s'éloigne de la terre, plus c'est le vent, le vent plein les voiles qui nous emmène les arômes de garrigue, d'arbres fruitiers. Le calme plat qui suit, le moteur prend la relève et on sent le mazout.
On jette l'ancre une fois la rive disparue aux confins des rondeurs de la planète. Un plongeur enfile sa tenue, ses palmes, sa bonbonne et s'enfonce dans l'eau, consulter les poissons, les fonds marins et les algues. Les autres restent sur le quai, contempler l'horizon, la fine ligne qui distingue à peine le ciel de l'océan, l'océan du ciel...communion des 2 éléments. Partage sur la vie, partage sur le reste, entre inepties, les vérités éclatent. On se laisse bercer par la houle, par les vagues, par le temps. La couleur de l'eau s'assombrit...le temps se couvre, il est temps de rentrer... retour à la grève, on se réconforte avec un chocolat, avec une menthe autour du feu...le court voyage quotidien ainsi terminé...le feu du foyer nous attend pour remplir la coupe en attente du lendemain.

Ce Collioure, il me le murmure à l'oreille. Le premier voyage fût avec la personne qui m'a initié à ce vin...grand par son authenticité, par sa texture, par sa camaraderie, le vin charme...c'est un voyage qu'on peut faire seul, à 2 ou à plusieurs. Toujours différent, toujours routinier...comme une pêche obligée. J'y reviens millésime après millésime, pour voir, pour me penser matelot...pour le plaisir de me croire pêcheur. Merci à David Goirand pour la découverte...il y a de cela bientôt 3 ans.

Beaucoup de finesse, très aérien, notes salines marquées, minéralité sensible, coquillage aussi...le fruit se dévoile plus tard nous rappelant le pruneau et la figue, pour finir avec les épices et le cacao mentholé...After Eigth! Belle profondeur, rouge sombre...un brin translucide. Net au Nez, droit en bouche, pas la plus grande complexité olfactive sans être non plus de la simplicité. Mais la texture en fait un vin très attachant...le grain des tannins est superbe, une amertume, un côté gras, le tout enrobe la langue. Et l'émotion vient à la dernière gorgée! 26.35$, c'est juste considérant le voyage. Assemblage Grenache, Carignan et Syrah, élevé en fut et en foudre.

Pour un accord, j'oserais, malgré le fait qu'il soit rouge,le proposé avec un duo pétoncles et crevettes, risotto, tartare de tomates, bouillon de prosciutto...Ce plat est signé Christopher Mulder, Chef au Bistro St-Jacques à Gatineau. Le salin, le minéral et la texture, le côté Méditerranéen...Le flirt devrait se faire...


lundi 12 mars 2012

Dégustation II: La Loire



Quel beau terroir à découvrir. Nous sommes si souvent portés à privilégier les blancs, à négliger les rouges dans cette région. Pourtant, les deux ont beaucoup à offrir. Le club de dégustation mené par Gabriel semble se solidifier, à mon grand plaisir. De nouveaux participants, des irréductibles aussi. Pour cette 2ième édition à laquelle j'ai participé, voici le compte-rendu :

Chinon 1985, Les Picasses Olga Raffault:

Un Disque qui commence à avoir de l'âge. Ça sent la vieille cave avec les toiles d'araignées. Les soirées du jour de l'an où l'on passe la soirée dans le sous-sol de sa vieille tante. Un peu de poivron reste. Du tabac frais, de l'écorce d'orange amère...et beaucoup de champignons. Je peux comprendre que certaines personnes recherchent ces arômes tertiaires, ce côté suave aussi. Mais personnellement, un vieux vin avec son histoire nous raconte souvent la même chose...encore pépé qui radote sur sa chaise berçante l'histoire de son premier mariage, couverture de laine sur les genoux...j'aime bien, mais peut-être suis-je quelques fois trop jeune pour apprécier ce genre de nectar à sa juste valeur. Ok, ok, moi aussi j'ai eu mes cours d'histoire sur le 20ième siècle! Ça reste expressif, joli, mais semblable au Palette 86, Château Simone. La différence ? Il reste un peu de chaire autour du squelette. Après aération, pépé est mort...Vive pépé!

Chinon 2006, Les Picasses, Olga Raffault :


Même producteur, même cuvée, millésime différent. Là, c'est intéressant. Le vin est dans une phase de changement. Et comme toute adolescente qui se cherche et évolue, il se garde une certaine timidité. Une future grande dame avec tout le poids de l'étiquette et de la retenue...l'antithèse de la jeune américaine avec la mini-jupe. Le renard du Petit Prince en d'autres mots. Laissons-le se faire apprivoiser. Fermé à double tour. On sent la framboise, non, la feuille de framboisier s'élever doucement. On le laisse de côté. Une heure après...les hormones prennent le dessus, c'est de la viande fumée...20 minutes plus tard, c'est du soya, de la grosse viande et la framboise qui revient...Une adolescente timide...mais qui s'affirme! Dans 5 ans, la dame se sera épanouie.

Bourgueil 1995,Les Galichets, Domaine de la Chevalerie :

Vin parcellaire, terre sablonneuse, le terroir qui offre de la finesse et du fruit. À son apogée selon moi, et il en a encore dans le ventre. Du fruit, du fruit, du fruit! La mûre, la figue fraîche, de la bergamote; cire d'abeille et pollen en tertiaire, c'est un gros taon qui bourdonne, comme une contrebasse dans un trio jazz. Le summum musical dans un demi sous-sol, la chaleur de la foule disjonctée, hétéroclite, sans prétention...on parle ici d'un coup de cœur. Le plancher gronde sur la piste de danse, 7.7/10 sur l'échelle Richter, pendant que les intellos restent en retrait, cigarette en coin en déblatérant sur fond de Scat, Swing et Jazz Manouche. Franchement, ça me plaît...non... j'adore...

Saumur-Champigny 2007, Le Bourg, Clos Rougeard :

Domaine mythique de la Loire me dit-on. La révolution immobile. Un savoir-faire ancestral qui se perpétue en faisant fi des modes. Une tradition familiale, exacerbée par deux moustachus qui ne donnent pas leur place. Et c'est déroutant. Si on ne pense pas Loire, certains disent Pomerol ...je vois pour la puissance, mais ne connaissant pas assez l'appellation, je fais plutôt le rapprochement avec un climat premier cru en côte-de-nuits, mais style moderne...pour la puissance (bis), la finesse, le côté grillé. Pour l'insaisissable arôme qui se dérobe dès qu'on pense mettre le doigt dessus...Le Cabernet franc qui joue les Pinots Noirs. C'est aberrant, volatil, versatile, innommable. Mes capacités de dégustateur sont misent à dure épreuve. Je rend les armes, indescriptible, sauf soyeux, puissant et au diable le flafla.

Muscadet Sèvre-et-Maine 1997, Le comte de St-Hubert, Châteu du Coing de St-Fiacre :

En musique ou dans le vin, la touche féminine se ressent toujours. Un violon au grain plus fin, à la pureté palpable, plus que le rustique propre à l'homme. Ici, la sœur des Chérreau-Carré sublime mon impression. La tension bien présente dans une appellation reconnue pour être bue jeune. Bien sur, le vin gagne en volume, mais l'acidité reste bien présente, le coing et le citron, le pomelo appuient la fraîcheur...une cuvée que j'ai toujours plaisir à déguster. Clin d’œil à Importations Activins au Québec qui représente le produit. Prêt à boire, un vin à prix doux considérant son âge...fraction du prix d'un Bordeaux en primeur! 15 bouteilles à mon actif, et j'en veux encore!

Savennière 1994, Roches au Moines, Domaine aux Moines :

À quoi s'attendre d'un Savennière ? À quoi s'attendre du Chenin qui vieillit ? À rien. Toujours la surprise. Certes, ce n'est plus la prime jeunesse. Le disque est jaune or. Tout de même intéressant, par l'explosion de pistache grillée, de safran, de miel...léger côté d'hydrocarbure. Le plus surprenant, comme mentionné par une des participantes, c'est le côté bois brûlé, feu éteint qui en ressort. Lendemain de camping, on se couche à 4 heures du matin, on se réveille à 7 heures, un brin dans la brume, et on repart le feu mort trop tôt, ou trop tard, pour se faire chauffer une "canne de bean". À boire maintenant, plus rien à en tirer...

Blanc Fumé de Pouilly 2008, Didier Dagueneau :

Presque incolore, ça sent les huîtres fumées, le bonbon à la tangerine, c'est presque sucré...au nez à tout le moins. En bouche, c'est le contraire, acidité vive, le vin est minéral et plus encore. Si on le prend à l'inverse, c'est le p'tit cul qui tombe de son vélo, qui lèche son sang, pleure un coup et se réconforte en suçant un suçon le jour de l'Halloween. Un autre coup de cœur. Louis-Benjamin Dagueneau a reprit les rênes du vignoble après le décès tragique de son père. Il signe ici son premier millésime. Pas étranger au côté enfantin de ce vin...charmeur à tous les points de vue!

Sancerre 2009 Jadis, Henri Bourgeois :

Honnêtement, je ne suis pas un fan des vins de H.Bourgeois. Pourtant, j'ai vécu de grand moment avec cette cuvée, la 2006 je crois. Mais 2009 est une année bizarre en Loire, millésime chaud (trop) pour la région, produisant des Sancerre atypiques, presque, je dit bien presque gras. L'asperge, la litière de chat, un peu de paille, le pamplemousse ou le pomelo: au nez, c'est sans contredit du sauvignon. Sans se gâter en bouche, effectivement, il y a une matière plus présente. Même une chaleur qu'on n'ignore du Sancerre...14 % et ça paraît. Si c'est le millésime du superlatif, on n'y échappe pas...des problèmes, mais des réussites aussi...mais l'émotion se fait attendre...couchons le vin et revenons-y dans 8-10 ans!


Merci à tout ceux qui étaient présents...superbe soirée, encore une fois!