samedi 31 juillet 2010

Petites dégustations à l'aveugle avec Rémi

Il y a toujours quelque chose de stressant à déguster un vin à l'aveugle. Façon de tester ses connaissances, de bien mémoriser également ce qui fait la différence entre tel et tel cépages, entre telles ou telles appellations ou régions vinicoles. Avec un collègue de travail, qui lui aussi est passionné par le vin, j'ai commencé à jouer le jeu un peu plus souvent...et je ne m'en tire pas trop mal. J'apprends à me faire confiance un peu plus...à m'apprivoiser...

La première soirée s'est passé chez lui. Déjà à l'heure qu'il était (00h00 !) c'était pas l'idéal. Le cerveau ayant déjà accumulé une certaine fatigue...ou une fatigue certaine! Je porte la coupe au nez. Boum! Les arômes sont tertiaires, légèrement kirschés. J'annonce un millésime...2001, 2000? Il faut trancher...c'est âgé, épanoui. Alors on y va pour 2001 (pile ou face ?). Je me laisse un peu prendre par justement ce côté kirsché...Grenache? Côté viandeu...Monastrelle ? Parce que je suis définitivement en Espagne, (sinon on parlerait de mourvèdre). Alors juste pour l'Espagne, je ne veux pas évincer le Tempranillo, alias Tinto Fino ou ses multiples synonymes . Je penche quand même pour la Garnacha (grenache). J'y vais donc pour la Ribeira del Duero, ayant la fausse impression que la grenache est plutôt du côté de la Ribeira que du Rioja...

Ma conclusion : Ribeira del Duero 2001, avec soit grenache, monastrelle ou tempranillio.
Le verdict : pas trop mal...Rioja Gran Reserva 2001 Montecillo...100% Tempranillo. Rien pour perdre la face, pas peu fier de moi comme disait l'autre. Et d'ailleurs, j'y avais déjà goûté quelques fois...mais la mémoire oublie, et moi aussi!
Surtout moi...

Un deuxième vin ? Ouais, mais commence à se faire tard...
Ok...
On étire un peu la soirée (la nuit en fait).
La beauté de la dégustation à l'aveugle, appelons-la la dégustation Mira (ce blog n'est pas commandité!) , c'est aussi de trouver des failles dans notre propre analyse. Et vous allez voir que pour le deuxième test, j'ai manqué de maturité.

Manque de maturité car dans cette dégustation, je me suis trompé. Comme un adolescent borné qui confronte son père en lui exposant sa fausse certitude comme si c'en était réellement une...Bof...De toute façon, c'est pour le plaisir.. De plus, se retrouver dans l'erreur n'est pas toujours déplaisant. Surtout lorsque la vérité n'est pas si loin (clin-d'œil) .

Pour ce produit, je me suis borné à ma première impression. Je me mets donc à humer le verre. Ça, c'est quelque chose que je connais! DE LA SYRAH! Épices, petits fruits, cerises...On est où ? En Vallée du Rhône ou dans le Languedoc ? du 2006 ou 2007? C'est jeune, c'est sûr... Je mentionne quand même que le Sangiovese peut-être traître... et que si c'en est, on se retrouve en Italie du nord. À cause de la fraîcheur. Ce n'est pas les classiques du Chianti. Mais je suis convaincu que c'est de la syrah. Pour clore mon dilemme, j'annonce une syrah de la vallée du Rhône septentrionale. Et bien non. J'aurais du rester sur mon doute. Cabernet-Sangiovese de Trentin-Haute-adige 2004...Rémi, aide moi, je ne me souviens plus du nom du vin. Dommage, j'en garde un excellent souvenir!

Je me suis prêté au jeu, cette semaine encore. Cette fois, j'ai bien voulu y aller de quelques impressions, mais j'ai prévenu Rémi que j'étais un peu fatigué. On ne pourrait pas déguster à 11h00 le matin des fois? Je me suis quand même aventuré dans le labyrinthe, mais avec un fil d'Arianne cette fois.

Au nez, c'est clair que c'est du Pinot noir. La robe aussi d'ailleurs. Presqu'une mini-jupe! Difficile de passer à côté. Je dis 2007. Superbe arômes...la petite cerise, voir le noyau, un léger côté grillé...mais ce n'est pas la Bourgogne. Ce n'est pas un homme mature, mais plutôt un adolescent...Rectification, une jeune femme début vingtaine. Il y a quelque chose de féminin là-dedans...Des courbes annonciatrices d'une future maturité. Un petit côté provocateur, sûr de ses courbes. Une future mère à qui on ne lui ferais pas d'enfant aujourd'hui mais demain. La prime jeunesse intellectualisée. Le début des hautes études. Le attends-je-vais-te-montrer-comment-refaire-la-société-au-bord-du-comptoir-et-pourquoi-pas-à-la-taverne-du-coin ? Le je-suis-convaincu-que-la-terre-est-plate-même-si-c'est-faux. Le la-loi-de-la-gravité-j'y-crois-une-fois-sur-deux. Soit une discussion trop longue sur le pourquoi du comment. Un Sommet-des-Amériques façon vin. Sans perdre l'essence tout de même.

ARRRRRRRRGHHHHHHHH! Je me sens vieux encore.

J'élimine donc l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Ce n'est pas un dogme. Ce ne sont pas tous des Pinots ultra-concentrés qui sortent de l'Océanie. Ce ne sont pas tous des pré-adolescents boutonneux. Mais faut faire un choix. Alors je m'avance pour les États-Unis. Probablement à cause du côté imbu-de-soi-même.

Au final : Pinot Noir de l'Oregon, Willamette Valley 2007 de Belle Vallée Cellars.
Héhéhé
...
On en redemande (26$ la bouteille). Parce que sans ce début de je-sais-où-je-vais-dans-la-vie, à 30 ans, on oublie!

C'est dans ces moments qu'il me vient deux choses à l'esprit. Soit que j'ai un peu de talent...ou soit que je bois un peu trop! Mais pour le jeu...ça commence à me plaire! Who's next?

Santé!

mardi 27 juillet 2010

Mercurey 1er Cru Les Veleys, 2005, Domaine Meix-Foulot

Pourquoi on aime le Pinot Noir ? Pour ses arômes insaisissables ? Pour sa fragilité végétale ? Pour l'expression des terroirs où il daigne pousser ? Pour un peu tout ça... Et la quintessence du Pinot ne se trouve-t' elle pas en Bourgogne ?

J'ai réellement un faible pour les vins bourguignons. La seul chose qui me rebute d'en boire à tous les jours est le prix !!! Mais au final, on le comprend... Donner la chance aux vignerons de continuer à cultiver ce sublime cépage finit de me convaincre d'allonger les dollars nécessaires à sa dégustation. Certains vins me rappellent toutefois que l'on peut trouver un peu de cette Bourgogne mythique à un prix somme toute acceptable. Dont le Mercurey 1er Cru Les Veleys 2005 Domaine Meix-Foulot. Attention, ce n'est quand même pas donné. On parle de 33$ la bouteille. Mais pour un Pinot Noir, c'est le prix à payer. Même les Pinot américains se situent dans la même fourchette de prix.

Alors voilà :

On regarde tranquillement sa couleur et ça brille tout plein. C'est limpide, c'est clair...Cette couleur s'immortaliserait sur une pierre semi-précieuse. Pas une bague de mariage, mais une bague de semi-fiançailles disons...Translucide, la lumière passe au travers pour ne laisser que cet éclat rubis qui nous titille l'œil...

C'est tout de même joli au nez. Les petits fruits rouges, plutôt volatil, tournoient dans une danse classique plus que dans un Tango. Rien ne se bouscule, tout se suit avec grande élégance. Un rythme et une chorégraphie imposés par l' ''Étiquette''. Framboises et fraises des champs...3 pas à droite, 2 pas à gauche...puis groseilles et cerises. On continue la valse tranquillement.

Puis, quittant cette soirée mondaine parce qu'on y a plus ou moins sa place, on reprend le chemin du retour. C'est ainsi que, comme une promenade dans les sous-bois, avec le vent annonçant la prochaine saison, une partie des arômes terreux de la Bourgogne reprennent leur place. On se promène ainsi quelques temps avant d'arriver à une petite clairière où poussent les roses sauvages.
Tout d'un coup, le jour se couche et la lune se lève...Puis la lune se couche et le jour se relève...Le bois brûlé tout juste éteint nous rappelle ce feu qui nous réchauffait le cœur la veille. 'L'auvergnat' chantait Brassens...
Et vient la rosée du matin, sa fraîcheur, le reflet du soleil qui se mire dans la goutte d'eau, avec sa promesse d'un jour meilleur...car demain est toujours mieux qu'hier dans sa perspective.

La bouche est structurée, avec des tanins présents, mais fins. Vin de toutes saisons. Longueur plus que correct, avec un rappel de tous les arômes en rétro-olfaction. On sent bien ce petit côté ferreux, comme une légère coupure où on serait contraint de lécher sa plaie. Rien de terrible, ça reste notre sang...

Bref, un joli vin, sans prétention, mais tout à fait honnête .Un vin romantique, un brin fleur bleue, avec toute sa modestie. On a presque hâte au 2009!

Dégusté seul. Alors pour l'accord mets et vin, on verra un autre jour. Rapidement, une escalope de veau à la forestière, avec quelques légumes racines ça devrait être pas mal. Tant que vous restez dans la simplicité, pour laisser la complexité du vin s'exprimer!

vendredi 23 juillet 2010

Minervois 2005, Cuvée Sylla, Domaine Borie de Maurel

J'ai su que j'avais finalement trouvé mon métier la première fois que j'ai rencontré Michel Escande. Producteur du Domaine Borie de Maurel dans le Minervois,ma première rencontre en tant que 'gestionnaire' de la carte des vins Chez Lévêque. Assis sur la terrasse du resto, j'ai le bonhomme en face de moi. Bien sympathique d'ailleurs...il me met ainsi dans de bonnes dispositions pour la dégustation qui va suivre.

D'abord, il me fait goûter à sa cuvée Esprit d'Automne (snif, ils ont changé d'étiquette cette année). Je la connaissais déjà. Premier vin français que j'ai aimé. C'est bien, de la confiture de fraise en bouteille...Pour une entrée en la matière, c'est un vin plus qu'honnête pour le prix (environ 16$). Il trouve sa place sur ma table à plus d'une occasion.

Ensuite, il me remplit (au tiers, on s'entend!) le verre avec son millésime qui fermente encore en cuve. Pour le néophyte que je suis à cette époque...c'est un choc...Un peu comme dans Alice au pays des merveilles, ou encore comme Bruce Wayne, je tombe dans un puits sans fond...la tête qui tourne, les yeux fermés, c'est noir, c'est profond. On voit la lumière tout en haut tel un salut incertain...J'avance à tâtons contre les parois humides et pleine d'humus en espérant trouver une issue...
Mais celui qu'on appelle le sorcier des Félines me réserve un autre sort. Point son intention que de me laisser choir les fesses dans l'eau en train d'espérer que quelqu'un vienne au puits pour pouvoir m'agripper au seau...

Ce qui nous emmène à cette fameuse Cuvée Sylla... Je tends ma coupe une dernière fois. Il me verse le vin...sombre comme de l'encre, opaque comme une nuit sans lune. Je l'approche du nez...et BANG! De la pointe de l'échine jusqu'au bas du dos, des pieds jusqu'aux doigts, les frissons que seul un premier amour ou un vent glacial d'hiver peut me donner. La sérotonine dans le tapis me fait germer une larme sur le bord de l'œil. Des arômes de romarin, de tomates séchées, d'olives noires, d'épices et de garrigues plein les narines...Ça ne finit plus de finir en bouche...Perdu dans mes émotions, plus rien n'existe sauf le vin et moi...
finalement ça s'estompe, je me relève la tête et lui demande :

-Mais qu'est-ce que vous m'avez fait (ou quelque chose du genre, ça fait quand même 2 ans. Les impressions sont toujours plus juste que les mots...)

Tout sourire il répond à l'agente :

- Tu vois Marguerite, c'est pour ça que je fais du vin!

Donc : Minervois 2005 - Cuvée Sylla - Domaine Borie de Maurel : 46$
100% Syrah, dans les meilleurs qui m'ait été permis de goûter, à prix doux considérant la qualité du vin.

Pour un accord parfait, à servir avec :Mignon de bison ou de bœuf, tapenade d'olives, accompagné d'une tomate au romarin et huile d'olive avec asperges blanches giroflées...Ça explose de tout les côtés! Vous pouvez même rajouter une purée de topinambour...

Ou encore avec un tartare à l'huile de truffe...

Faites-vous plaisir!